Le principe des niveaux et leurs programmes en Takeda Budo/Takeda Ryu Kobilza Ha
Sobudo Takeda Ryu Kobilza Ha du 8ème Kyu au 1er Dan.
Sobudo = Ensembles des Arts Martiaux.
Takeda = Clan d’origine de l’Aïki, le nom de Takeda est donnée à Minamoto Yoshikio au 12ème siècle.
Ryu = Ecole.
Kobilza Ha = Méthode d’enseignement suivant le style établi par Maître Siegfried Kobilza.
Il s’agit donc d’une école où l’on enseigne l’ensemble des arts martiaux d’origine du Clan Takeda selon la méthode suivant les principes établis par Siegfried Kobilza.
Le programme comprend l’intégration des disciplines suivantes : Aïkido, Iaïdo, Jodo, Jukempo, Kenjutsu qui sont les principales disciplines auxquelles il faudra ajouter le Jujutsu, le Shuriken jutsu, le Shugi, le Bojutsu, et le Batto Giri à partir d’un certain niveau Dan acquis dans les disciplines précédentes.
Etre enseignant au sein de l’ISTB nécessite la compréhension et l’intégration de l’ensemble des disciplines (on ne peut pas enseigner qu’une seule discipline ou une partie seulement des disciplines). Les rencontres et événements internationaux obligent d’ailleurs à la pratique de la totalité des disciplines. Suivre un enseignement dans cette école amène l’élève à intégrer progressivement l’ensemble des principes fondamentaux communs à toutes ces disciplines puis appréhender leur spécificités.
Les niveaux de pratiques et connaissances se répartissent entre le 8ème Kyu et 8ème Dan. Ils sont sanctionnés par des examens en interne sous contrôle du professeur de club pour les niveaux Kyu et externe sous jury international pour les grades Dan. Ces grades se passent par discipline. Le 1er Dan Shodan correspond au niveau de base. J’explique souvent ce système à mes élèves comme les étages d’un immeuble (plus on est haut, plus on voit loin !). J’arrive en voiture et il se trouve que je suis le dernier arrivé (Kohaï) et comme souvent je prend la dernière place de parking restante au 8ème sous sol . Le remonte lentement les étages pour arriver au rez de chaussé qui comprend souvent le hall d’entrée de l’immeuble avec toutes les indications à suivre pour accéder aux étages. C’est le niveau où je suis censé avoir intégré les bases fondamentales qui vont me servir par la suite. Il s’agit du commencement réel d’une pratique et non pas d’une finalité. Puis, je progresse lentement et l’utilisation et la meilleur maîtrise de mes fondamentaux me permet d’accéder doucement à l’étage suivant etc... Il en est de même pour tout apprentissage et pas seulement pour les arts martiaux.
8ème Kyu : correspond à l’apprentissage des Kiso, cette période permet d’apprendre à découvrir son corps, son attitude, sa manière de se déplacer, se réceptionner, à développer un esprit alerte en apprenant à être attentif à soi, à son environnement, à mieux gérer l’espace et la distance, savoir positionner ses mains, gérer et mieux comprendre son équilibre, intégrer les premiers éléments biomécaniques, coordonner ces mouvements qui paraissent si simples mais si difficiles à maîtriser qu’il faudra continuer à améliorer les moindres détails jusqu’au 8ème Dan. C’est aussi se déplacer avec un sabre ou un bâton sans risquer de se blesser, ou de blesser son voisin.
7ème Kyu : Elève depuis plusieurs mois, je suis un peu plus à l’aise avec ces mouvements principaux. Je me montre mieux coordonné moins hésitant. C’est le moment d’apprendre des mouvements plus complexes dans mes déplacements. J’apprends les mouvements soi-disant simples de saisie et dégagement (Teno Gaeshi), puis d’attaque, de bloque et de contre attaque (Nukite Gaeshi). Un travail énorme commence : attaquer à la bonne distance, saisir correctement, conserver une posture solide tout en me déplaçant, ma volonté d’attaquer ou de me défendre perturbe souvent ce que l’on m’a enseigné, je me jette inutilement en avant, attaque à coté, bloque maladroitement. Je dois apprendre à corriger cela par des exercices et avoir confiance dans ce que l’on m’enseigne, je dois aussi apprendre à me réceptionner de manière plus dynamique (Tenshin Ukemi) étape nécessaire à la sécurité dans l’apprentissage des futures techniques. Il en est de même pour la manipulation du sabre ou du bâton, ou le Jukempo.
6ème kyu : Je continue à m’entrainer sur ces différents mouvements. Je me sens bien plus à l’aise et mieux positionné dans mon corps ! Ces mouvements me semblent plus naturels, je me sens moins fatigué à leur réalisation, je gère facilement les chutes, et fait automatiquement attention aux distances. Je suis précis dans mes positions avec un sabre où un bâton. Je me corrige automatiquement sans l’intervention du professeur. Celui-ci m’observe depuis quelques temps, puis me dit que je me suis bien préparé pour pouvoir poursuivre mon apprentissage. Il n’y a pas d’examen pour ce grade. Je ne peux qu’attendre sa décision sur mon niveau personnel. Je ne peux pas dire que je suis prêt, je dois faire confiance en son jugement. Patience !
5ème Kyu : J’apprends les premiers mouvements dynamiques de projection. Pour cela, mon professeur m’enseigne des combinaisons de déplacements que j’ai appris précédemment. Je découvre mes 5 premiers Aikinage afin d’apprendre à gérer et réagir en situation de déséquilibre, comprendre les principes fondamentaux pour pouvoir placer des techniques dynamiques, sentir ou initier le mouvement, ne pas résister et enlever l’inutile. Quel travail complexe ! « Celui de toute une vie, m’expliquent les plus anciens ! ». Mes premières techniques me sont enseignées en position Kumité (sans attaque). Mon professeur me dit sans cesse de ne pas me précipiter, d'exécuter lentement mes mouvements en prenant soin de ma posture et de mon déplacement. Apprendre à ressentir comment mon corps réagit mais aussi celui de mon partenaire. De temps en temps j’apprends ces techniques en les combinant avec des saisies ou des attaques. Mais comme le dit mon Sensei : « Ce n’est pas la priorité pour le moment car le premier contact détermine la réalisation d’un bon mouvement ! Et kumite (trad : les mains qui se rencontrent) est la position du premier contact ! » . Trois groupes de techniques me sont enseignés : les Ate Waza, basées sur l’utilisation d’une frappe, les Mochi Waza, basées sur l’utilisation de mouvements circulaires et les Kote waza, techniques de luxations du poignet. Avec les Aikinage cela me fait 15 mouvements complexes à apprendre et les réceptions qui vont avec ! Pour le sabre, j’apprends à dégainer, couper, esquiver ou bloquer à une main sur des déplacements simples. J'Apprends donc à mieux gérer et contrôler mon sabre. Comme précédemment mon professeur insiste sur le début et le commencement du mouvement. Avant de dégainer ou rengainer, il veut que je corrige la position de mes mains, de mes doigts, ma posture avant de commencer le moindre mouvement pouvant ressembler à une coupe. Il me précise que ce travail est important pour éviter toute blessure grave dans un travail lointain. Au bâton, il m’apprend à maîtriser la position de mon Jo en frappe ou en bloc afin d’éviter les coups sur les doigts ou la figure. J’apprends que l’efficacité d’une frappe n’est pas dans la force mais surtout dans la vitesse que je donne à mon bâton ou à mon poing en Jukempo. Il est très intéressant de comprendre que je travaille les mêmes principes sur l’ensemble des disciplines.
4ème Kyu : je comprends mieux le sens du travail que je fais, ne pas résister, ne pas se précipiter, analyser, sentir, me focaliser sur le départ de chaque action pour avoir un mouvement juste. Mon professeur se rend compte de cette évolution, comme pour le 6ème Kyu, c’est lui qui à la décision de cette étape. Elle ne se base pas que sur la technique mais aussi sur mon comportement, mon assiduité, mon évolution personnelle.
3ème Kyu : 5 nouveaux Aikinage sont au programme avec saisies des deux mains (Ryo Te Dori). Il s’agit toujours d’appliquer les mêmes principes, mais les deux mains doivent se compléter dans leurs mouvements, les coordinations et les dissociations deviennent plus complexes, les déplacements aussi. Les techniques sont réparties en trois groupes : les Ude Waza, réalisées sur des luxations de bras, les Ashi Waza, techniques sur les jambes (balayages, barrages,….) et les Koshi Waza, techniques de projections de hanches ou d’épaules. Il faut apprendre à maîtriser ce type de chute, vaincre son appréhension, ne pas resister pour éviter de se blesser. Il faut alors faire confiance une fois de plus aux techniques que l’on m’a appris et appliquer les principes. Pas si facile ! Encore une quizaine de techniques à maîtriser ! Au sabre ou au bâton j’enchaine plusieurs techniques plus rapidement, j’apprend à rengainer puis dégainer en attaquant aussitôt sans regarder mon sabre tout en me déplaçant. En Jukempo, j’enchaine des combinaisons de deux ou trois attaques puis de défense, j’intègre des stratégies de combat, etc…
2ème Kyu : Comme pour le le 4ème et le 6ème Kyu, il n’y a pas d’examen. Mon professeur juge des mes capacités. Suis-je attentif ? Je me montre assez l’aise dans mes chutes ou mes techniques, je comprends mieux les distances et les situations, je n’ai pas d’appréhension dans la réalisations des techniques. Je travaille de plus en plus sur des attaques et des saisies, même si la priorité reste une bonne réalisation en Kumite.
1er Kyu : Kime ! Il s’agit souvent des techniques décisives, immobilisations, fixations, qui amènent à la conclusion d’un combat. En Aïki, il y a de nouveau 3 groupes de technique : Tachi Gime Waza : immobilisations debout, Oase Gime Waza, techniques d’amener au sol avec immobilisation, puis, Ne Gatame Waza, les immobilisations au sol. Je conclus mes enchaînements de techniques systématiquement par une immobilisation. En Iaido et dans les autres disciplines, il en est de même. J’apprends les techniques décisives qui clôturent ou concluent souvent un combat.
1er Dan : avec l’aval de mon professeur, je prépare mon passage de grade. Pour cela je m’entraine au Shiai régulièrement : Sogo Randori pour la stratégie du combat, Tori waza pour l’application technique. Je dois pouvoir montrer n’importe quelle technique de mon programme du 8ème Kyu au 1er Dan (16 techniques de plus pour le Shodan – variations d’applications). Je les réalise instantanément, une fois au ralenti à droite et à gauche, pour montrer ma bonne compréhension et réalisation des principes clés puis de manière dynamique. Puis je montre mon attitude dans les différentes formes de combats. Il en est de même pour les autres disciplines. Je passe devant un jury international, même si je suis stressé, je sais qu’ils sont là seulement pour m’évaluer et juger de la qualité de mon travail. Si j’ai confiance en moi et surtout en l’enseignement de mon professeur, cela devrait bien se passer. Je n’ai rien à prouver ! Juste faire ce que j’ai appris et travaillé depuis plusieurs années. Je suis prêt à entrer dans le Dojo ! Je présenterai une ou deux autres disciplines l’an prochain si mon professeur m’en sens capable. Des questions de connaissances générales techniques et culturelles peuvent m’être aussi posées par le jury . Aucune inquiétude, mon professeur m’a également enseigné ces connaissances.
Au-delà du Shodan, il existe un programme technique précis pour chaque Dan et chaque discipline, intégrant une progression jusqu’au 5ème et 6ème Dan. Le Sobudo intègre la totalité du programme de l’ensemble des disciplines. Un vaste programme qui permet d’évoluer sans cesse !
Philippe Boutelet